Le livre d'Elwen
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 oeuvre sans-titre

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Warelys Torellian

Warelys Torellian


Messages : 18
Date d'inscription : 01/01/2009

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MessageSujet: oeuvre sans-titre   oeuvre sans-titre Icon_minitimeSam 14 Mar - 7:45

Une amie s'est donnée comme projet d'écrire un bouquin dont elle m'a envoyé les premiers extraits. Avec sa permission, je me suis permis de les ajouter ici. Vos commentaires sont les bienvenus si vous avez quelques conseils ou impressions à transmettre. Alors voilà, la suite lui appartient.




Résumé : Depuis toujours, l’égocentrisme avait géré ma vie. Mais bien vite, de par les mystères qui l’entouraient, il devint mon soleil et je pus enfin briller sous sa lumière.

Prologue
Vendredi après-midi, pluvieux
______________


Je tapai du pied dans la flaque d’eau qui me narguait intensément depuis plusieurs minutes déjà. L’impact créa des ondes qui ne purent effacer qu’un seul instant celles que provoquait cette maudite pluie. Cette monstrueuse averse ressemblait plus à un déluge de projectiles qu’à une simple dégringolade de gouttes d’eau. Avant même que je mette les pieds dehors de ma prison d’ardoise et de calcaire, elle avait déjà royalement commencé à me pourrir la vie.

Je relevai les yeux et regardai à ma gauche pour la énième fois. Mon regard se posa encore sur une lignée de voitures qui attendait plus ou moins impatiemment que la lumière tourne verte. Les moteurs grognaient, mécontents de gaspiller leur précieuse nourriture à rester immobiles derrière une foutue ligne blanche dont la peinture s’écaillerait volontiers sous leurs pneus.

Je ne vis pas ce que je voulais voir.

Je me reconcentrai sur mon trou d’eau. Parmi les ploucs que j’entendais piétiner autour de moi, je pouvais distinguer des toussotements, des reniflements, des grognements, des claquements, des craquements, des bruissements, des frottements… Enfin bref, toute la panoplie des bruits qui me donnaient des insomnies. Je percevais également un crépitement grave provenant d’une paire d’écouteurs antiques protégés du cataclysme grâce à l’abribus qui était si nouvellement décoré par Pit-R, si j’en croyais l’inscription. Je faillis sourire à l’écoute du son distordu qui faisait vibrer mes tympans avec tant de délicatesse, mais je me souvins que je me trouvais sous une avalanche liquide et toute idée de bonheur me quitta. Maussade n’était pas le mot pour décrire mon humeur à ce moment-là.

Je soupirai et levai les yeux au ciel. L’uniformité du tapis de nuages couleur gadoue qui nous surplombait donnait l’impression qu’il couvrirait le ciel pour l’éternité. J’avais envie de voir le ciel. Non, j’avais désespérément besoin de sortir de ce confinement tout gris, mais j’attendais l’autobus et je ne voulais pas le rater. J’attendais l’autobus et il ne venait pas. J’attendais l’autobus et je détestais ça!


Chapitre 1
Lundi midi, Octobre, ensoleillé
∞∞∞

Je levai les yeux du texte que l’on venait de jeter sur la table où j’étais assise seule. M. Descôteaux me regardait intensément, et je devinai qu’il souhaitait me faire savoir qu’il n’appréciait pas de me voir piquer du nez avant même que son cours n’ait commencé. Je haussai les épaules et redéposai ma tête dans mes bras tout en le regardant discrètement, les yeux à moitié fermés. Il se racla la gorge, mais, voyant que je ne bougerais pas de si tôt, il s’éloigna de moi et termina de distribuer les copies du texte que nous étudierions sûrement dans les deux prochaines heures. Soupirant, j’étirai un de mes bras et tâtonnai le bout de la table à la recherche de la pile de feuille. Après quelques essais infructueux, je mis enfin la main sur le document et le portai à mes yeux dans un grand effort. Je lu le titre en plissant les yeux. Un extracto del Quijote. Merveilleux. Sans bouger ma tête confortablement calée dans le creux de mon coude droit, je reposai les feuilles et attendis que M. Descôteaux se mette à parler de ce classique de la littérature espagnole que tout le monde avait lu et connaissait sur le bout des doigts. Je n’étais sûrement pas la seule à ne pas écouter ce jour là, mais les quelques fois où j’ouvris les yeux dans les heures qui suivirent, je remarquai que j’étais assurément la seule à ne pas faire semblant. Je lançai un regard entendu à Élizabeth et haussai les épaules. Elle me sourit et redéposa sa tête sur sa main gauche, sa main droite étant déjà occupée à dessiner dans la marge du texte. Les autres ne savaient pas ce qu’ils manquaient. L’honnêteté était étrangement reposante.
Lorsque nous fûmes enfin libérés, je soupirai de joie. Il ne me restait plus que la classe de latin et je serais libre enfin. Élizabeth ayant un cours de français dans une autre aile du collège, je lui dis au revoir et ramassai rapidement mon sac et mon coupe-vent. La classe de latin avait lieu dans l’aile d’à côté. Pour m’y rendre, je devais traverser une longue passerelle au plafond vitré avant de descendre les escaliers de droite et de m’enfoncer dans un dédale de corridors. Tout au long de mon chemin, mes yeux glissèrent sur les visages, en reconnaissant certains et en examinant des étrangers. Personne ne me salua, je ne saluai personne. Nous formions une sorte de marée où chacun regardait devant soi pour éviter le malaise de croiser le regard de quelqu’un d’autre. Parfois, cela arrivait. L’un accrochait le regard de l’autre et quelques secondes plus tard, chacun avait détourné les yeux et fixait la direction opposée, comme honteux.
J’arrivai aux escaliers. Mes pieds descendirent machinalement les marches ; sans le vouloir, mon regard se perdit dans la foule de gens allant en sens inverse. Certains regardaient où ils mettaient les pieds, d’autres avaient les yeux levés vers le haut des marches, en espérant peut-être en voir enfin la fin. Comme toujours, je ne croisai le regard de personne. Je me reconcentrai sur ma destination. Au bas des escaliers, je me frayai un chemin à travers les étudiants se déplaçait par douzaine dans des sens différents à travers le hall. J’atteignis lentement l’entrée du bâtiment des langues et repris un rythme normal, m’immergeant dans le flot de jeunes et de moins jeunes suivant le même itinéraire que moi.
Je regardai rapidement ma montre. 13h58. Je n’étais pas en retard. Pas encore. J’arrivai dans une partie moins fréquentée de la bâtisse et, finalement, entrai dans la classe 263. Je m’assis sur une chaise en bois inconfortable située vaguement au milieu de la salle, déposai mon sac au sol et m’évachai allègrement sur mon siège. 14h00. La professeur se leva et commença à parler. De quoi? Je ne suis pas sûre d’avoir eu un cerveau pour analyser les sons sortant de sa bouche à cette heure là. J’aurais peut-être dû être plus concentrée, mais peu m’importait à ce moment-là. Les deux heures passèrent sans que quelque chose de digne d’intérêt ne se produise. Je sortis du cours la tête aussi vide que lorsque j’étais entrée.
Je repris en sens inverse le chemin que j’avais emprunté pour m’y rendre. Je m’intégrai dans le courant et le suivi sagement. Dans le hall, je m’extirpai savamment du tourbillon et montai les escaliers pour me retrouver ensuite sur la passerelle.
En levant les yeux au plafond, je pus voir le ciel qui était encore clair, l’hiver ne s’étant pas encore suffisamment installer pour que la nuit tombe si tôt. Au loin, les feuilles jaunies d’un arbre étaient malmenées par le vent. Celles-ci se détachaient par poignées et virevoltaient avec le vent jusqu’à tomber au sol. Je redirigeai vaguement mon regard vers ceux que je croisais. Comme plus tôt, je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un accroche mon regard. Pourtant, en cette fin d’après-midi scolairement improductive, quelqu’un concentra son attention sur moi. Il se trouvait à environ 10 mètres de moi et marchait en sens inverse. Tout comme moi, il laissait flotter son regard sur les gens qu’il croisait, jusqu’à ce qu’il croise le mien. Le temps sembla ralentir et je l’observai rapidement. Il avait les cheveux châtains, recourbés sur les pointes comme s’il avait porté sa casquette si longtemps que ses cheveux s’étaient retroussés sur les bords de celle-ci. Il arborait un œil au beurre noir légèrement gonflé et portait une veste noire recouverte de petites lignes bleues en forme de nuages. Il ne devait s’être passé que quelques secondes lorsqu’il cligna des paupières et baissa la tête avant de passer dans main dans ses cheveux, ce qui les fit retomber dans ses yeux. Je détournai également le regard quelques secondes, mal à l’aise. Et puis, nous nous croisâmes et je ne pus plus le voir. Je ne me retournai pas pour le suivre du regard, mais j’eus un petit sourire en coin. Je n’étais pas différente de tous les autres. Je ne pouvais soutenir le regard d’un inconnu plus de quelques secondes.

∞∞∞


Il était environ 16h40 lorsque je rentrai chez moi. Je pilai sur les talons de mes souliers pour les enlever et jetai mon coupe-vent sur la patère. Je laissai tomber mon sac à côté de la porte avant d’aller à l’étage. Les escaliers se trouvaient à gauche de l’entrée. Je montai une à une les marches de l’escalier, le bruit de mes pas étouffé par l’épais tapis beige recouvrant le bois foncé. Je m’engouffrai dans ma chambre par la porte ouverte et m’affalai sur mon lit. Je pris mes écouteurs sur ma table de chevet et les branchai. Je mis en marche le système de son avant de me laisser tomber sur mes oreillers. Les yeux fermés, je soupirai.
Je n’entendais que la musique. Les rythmes s’enchaînaient; les mélodies s’accéléraient, montaient haut puis redescendaient. Mon esprit était complètement enseveli. Je ne pensais à rien en particulier, mais à tout en même temps. Je pensai à Élizabeth. J’étais contente de la connaître. Comme ça, je n’étais plus seule. Je pensai aux quelques amis que j’avais laissés derrière moi lors de notre déménagement. Avoir quelqu’un à qui parler en cas de besoin me manquait. Je pensai à ma mère et aux raisons de notre départ. Je pensai à mon père que je n’avais jamais connu, à mes études et à mon avenir que je ne pouvais pas encore entrevoir. Et puis, je ne pensai à rien.
Je ne sais combien de temps plus tard, ma mère me secoua légèrement l’épaule et j’ouvris les yeux. Mes pupilles s’habituèrent à la proximité de son visage ovale. Je vis ses lèvres gercées bouger et secouai la tête avant de décoller les écouteurs de mes oreilles.
«- Quoi? Je n’ai pas entendu?
- Il est bientôt 6 heures, me dit-elle doucement.»
Je hochai la tête. Elle recula de quelques pas, puis se retourna et sorti de la pièce en laissant la porte ouverte. Je me frottai les yeux pour y chasser toute trace du presque sommeil dans lequel j’étais tombée. Je fis basculer mes pieds hors du lit et m’assis sur le bord. Je joignis mes mains au-dessus de ma tête et étirai mes bras et mon dos. Mes muscles se déplacèrent et je soupirai de contentement avant de me mettre sur mes pieds.
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